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Le CSC de Bramalea a utilisé un concours d’affiches novateur pour les jeunes pour accroître le niveau de sensibilisation au cancer et l’éducation sur le dépistage parmi les familles qu’il sert.
Par Jason Rehel, rédacteur/reporter/réviseur, ACSO
Les taux de dépistage du cancer en Ontario ne sont pas aussi élevés qu’ils devraient l’être, et sont très loin des cibles provinciales. C’est ce que laisse entendre Qualité des services de santé Ontario (QSSO) dans son rapport d’avril 2016 intitulé « Revenu et santé ». Le rapport établit un lien entre les faibles niveaux de revenu et des taux inférieurs de dépistage du cancer colorectal, du sein et du col de l’utérus, et il présente des statistiques étonnantes sur les disparités :
- Un peu plus de la moitié (54,3 %) des femmes les plus pauvres dans les quartiers urbains de l’Ontario ont subi un dépistage du cancer du col utérin, comparativement à deux tiers (66,7 %) des femmes les plus riches dans les zones urbaines de l’Ontario.
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Près de la moitié (49,7 %) des personnes les plus pauvres en Ontario ont un dépistage du cancer colorectal à faire, comparativement à un peu plus du tiers (34,9 %) des personnes les plus riches.
Les nouveaux arrivants au Canada risquent aussi d’être beaucoup moins susceptibles de subir un dépistage préventif. En ce qui concerne le cancer du col de l’utérus, Action Cancer Ontario (ACO) signale que « les femmes qui ont un faible revenu et peu d’instruction, qui sont plus âgées, qui parlent une langue étrangère ou qui ne sont pas nées au Canada sont moins susceptibles de subir un dépistage. » En fait, ACO souligne que « les nouveaux arrivants et les immigrants ont souvent de la difficulté à [tout simplement] trouver de l’information sur le dépistage du cancer. »
Le gouvernement provincial a essayé d’utiliser des incitations financières pour que les médecins augmentent les taux de dépistage du cancer en Ontario. Mais ces efforts ont largement échoué, en raison de ce que l’analyste de la politique sanitaire canadienne Steven Lewis qualifie d’une attention excessive envers les « motivations extrinsèques » (l’argent) et pas assez d’attention envers les « motivations intrinsèques » (le désir de faire du bon travail, d’aider les gens). Selon Steven Lewis, en se penchant sur les motivations intrinsèques « plus durables et plus puissantes » des professionnels de la santé et des patients nous pouvons nous attaquer aux causes profondes des faibles taux de dépistage, et ainsi savoir quoi faire pour aider les gens à subir un dépistage.
« Le dépistage adéquat doit faire partie intégrante des attentes de rendement des organisations et des individus, et aucun supplément de rémunération ou de financement ne devrait être nécessaire », explique Steven Lewis.
Sans utiliser d’incitatifs financiers, et compte tenu du modèle salarial de la rémunération des médecins, les centres de santé communautaire de l’Ontario saisissent les occasions d’augmenter les taux de dépistage grâce à une approche solide fondée sur l’équité en matière de santé qui est « incorporée aux attentes en matière de rendement. » Ce faisant, ils atteignent des taux de dépistage du cancer supérieurs aux moyennes provinciales. Pour mieux comprendre les moyens utilisés par les 74 centres de santé communautaire de l’Ontario afin d’éliminer les obstacles qui empêchent les individus de subir un dépistage du cancer, nous vous présentons six études de cas réalisées un peu partout dans la province :
CSC TAIBU : TRANSFORMER LE DÉPISTAGE DU CANCER À TRAVERS LA LORGNETTE DE L’ÉQUITÉ
Situé à Scarborough, le Centre de santé communautaire TAIBU reconnaît la prévalence du racisme anti-Noir, y compris son incidence sur l’accès aux services de la communauté qu’il dessert. « Nous planifions et nous élaborons des programmes et des services en prêtant une attention particulière à la manière dont nous pouvons répondre aux besoins et aux obstacles auxquels est confrontée cette communauté », affirme Liben Gebremikael, directeur général du CSC TAIBU.
Ce que cela signifie :
- Le personnel de TAIBU commence par comprendre et ensuite répondre aux facteurs culturels qui affectent les taux de dépistage : par exemple, son programme de rappel garantit que les fournisseurs ne téléphonent pas aux clients musulmans pendant le ramadan.
- Les assemblées publiques approfondissent la compréhension des facteurs qui influent sur le dépistage, et les programmes de sensibilisation soulignent le fait que la population noire desservie par le centre est affectée de manière disproportionnée par le cancer.
CSC TÉMISKAMING : MAINTENIR UNE CULTURE D’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ
« Faire le point sur une base trimestrielle ne nous suffisait pas. Ainsi, l’attention systématique accordée au dépistage fait maintenant partie de chaque rencontre, même les renouvellements d’ordonnances », explique Roxanne Rodgers, infirmière autorisée à l’antenne de Larder Lake du Centre de santé communautaire de Témiskaming dans le Nord-Est de l’Ontario. « Notre tableau de bord de DME est simplifié de manière à regrouper tous les indicateurs au même endroit, afin que nous puissions voir rapidement quand une personne doit subir un dépistage. Ensuite, nous pouvons rédiger une requête et la lui offrir sur place. »
Ce que cela signifie :
- À l’aide d’un outil de tableau de bord intégré conçu à l’interne, les cliniciens des cinq sites du centre peuvent comparer leur performance à celle des autres, ce qui favorise l’émulation et la collaboration.
- Une initiative de chauffeurs bénévoles permet aux personnes qui n’ont pas de transport de se rendre à leurs rendez-vous, un facteur clé pour un centre qui dessert principalement une population rurale et semi-rurale.
SERVICES DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE WELLFORT : UNE APPROCHE DE SENSIBILISATION UNIQUE
« À WellFort, nous atteignons constamment nos objectifs de prévention du cancer en incarnant nos valeurs qui consistent à répondre aux besoins de notre communauté et en nous efforçant d’être des leaders créatifs en matière d’éthique de la santé à Peel », explique Mayo Hawco, directrice générale de WellFort.
Ce que cela signifie :
- Les clients ont accès à du matériel d’éducation et de sensibilisation au dépistage du cancer dans des langues avec lesquelles ils sont à l’aise, et qui sont présentées de manière respectueuse sur le plan culturel. Par exemple, les jeunes de la communauté ont participé à un concours d’affiches de sensibilisation au cancer afin d’élargir la portée des messages de prévention et de les adapter à la communauté.
- BIRT (un outil d’analyse de données internationalement reconnu élaboré par l’ACSO et par ses membres) sert à coordonner les rendez-vous des clients afin de tirer parti des occasions de prévention des personnes qui doivent subir un dépistage.
CSC DE SEAWAY VALLEY : DE L’ÉDUCATION À LA PRÉVENTION
« Les résidents de la région que nous desservons ont besoin d’un niveau élevé d’éducation et de soutien sur l’importance du dépistage du cancer dans une approche globale de la prévention. Une fois sensibilisés, les individus deviennent des partenaires actifs dans leur propre santé », explique Debbie St John-de Wit. « Donc, notre investissement dans l’éducation et l’explication du " pourquoi " du dépistage a sa raison d’être pour les années à venir. »
Ce que cela signifie :
- Le personnel infirmier ouvre la voie pour que la sensibilisation à la prévention fasse partie de chaque rencontre. L’éducation est adaptée aux populations prioritaires, comme les aînés et la communauté LGBTQ, pour faire correspondre l’approche aux personnes confrontées à des obstacles à l’équité en matière de santé.
- Le personnel de la gestion clinique et de la gestion des données a pris des mesures pour s’assurer que le personnel utilise le DME de manière cohérente, afin que les rapports trimestriels sur le dépistage du cancer soient aussi précis que possible pour le personnel infirmier, qui peut ensuite adopter une approche systématique de la sensibilisation.
CSC HAMILTON/NIAGARA : PROMOUVOIR DES RELATIONS QUI FAVORISENT LA PRÉVENTION
« Les relations – à la fois entre les clients et les membres de leur famille et leur médecin, et entre les membres de l’équipe interprofessionnelle eux-mêmes – sont au cœur de la façon dont nous augmentons nos taux de dépistage du cancer », déclare Marcel Castonguay, directeur général du Centre de santé communautaire de Hamilton/Niagara.
Ce que cela signifie :
- Les médecins parlant français développent des liens étroits avec la population francophone qu’ils servent, en partie en veillant à ce que l’examen annuel constitue une occasion importante de sensibilisation des clients et des membres de leur famille, dont beaucoup sont également des proches aidants.
- Les membres de l’équipe clinique et non clinique abordent de manière collaborative les obstacles auxquels se heurtent les clients, au cours de consultations informelles et de conférences de cas, au besoin, pour éviter qu’un déterminant social ne passe à travers les mailles du filet si une personne ne reçoit pas de soins préventifs.
Bien sûr, les exemples ci-dessus ne forment qu’un aperçu des efforts déployés par les membres de l’ACSO pour augmenter leurs taux de dépistage du cancer. Au congrès annuel Changer la conversation, le collectif West End Quality Improvement (WEQI), un groupe de sept CSC de la grande région de Toronto travaillant en collaboration sur les taux de dépistage du cancer, présentera les résultats de son initiative et la démarche et les outils qui lui ont permis de les atteindre. La séance (C7) a lieu le 7 juin à 15 h 30. Pour obtenir des précisions sur cette séance et sur d’autres, cliquez ici.