Les dames qui enseignent aux enfants à tricoter sont « emballées », dit Pat Lloyd. De plus, elles apportent des balles de laine dans des maisons de soins infirmiers pour recruter encore plus aînées. Photo avec la permission de Friendship Blooms/CSCK

Par Jason Rehel, auteur et éditeur du contenu, ACSO

Dans la première semaine de décembre, la Loi donnant la priorité aux patients est entrée en vigueur en Ontario. Aux termes de la Loi, « la promotion de l’équité en matière de santé ainsi que le développement et le déploiement de stratégies de promotion de la santé » s’ajoutent au mandat des 14 réseaux locaux d’intégration des services de santé de l’Ontario. Pour mieux imaginer ce mandat en action dans les soins primaires, nous vous présentons des témoignages sur les programmes de promotion de la santé et les initiatives de promotion de l’équité en santé des centres membres de l’ACSO un peu partout dans la province. Cette semaine, nous braquons les projecteurs sur une approche communautaire de la lutte contre l’isolement social à Kingston.

Pat Lloyd revient tout juste d’une séance de Tech Tutors, où des étudiants de l’université lui ont appris à utiliser Skype.

« J’ai un fils et petit-fils à Terre-Neuve, et un arrière-petit-fils qui a presque trois ans, que je n’ai jamais vu. Je voulais apprendre pour pouvoir le voir », dit-elle en souriant.

Pat Lloyd est membre de Friendship Blooms, un programme d’activités bénévoles dirigé par des personnes âgées aux Centres de santé communautaire de Kingston, où est née la série de formations d’un mois de Tech Tutors. Ce programme est un des nombreux volets de Friendship Blooms, dont la vision consiste à « favoriser l’amitié entre des membres de la collectivité de tout âge afin de promouvoir des modes de vie propices au bonheur et à la santé ». Les agents de développement communautaire appuient le programme Friendship Blooms des CSCK en offrant de la formation, de l’espace pour les activités et les réunions, des conseils d’experts et de modestes budgets pour la planification des programmes.

La lutte contre l’isolement social et la solitude est au cœur de l’action de Friendship Blooms qui donne aux gens l’occasion de tisser des liens grâce à d’enrichissantes activités bénévoles. Certains entendent parler du programme par le bouche-à-oreille. D’autres ont été aiguillés directement vers Friendship Blooms par un ergothérapeute, un diététiste ou un autre professionnel de la santé des CSCK. Pour les personnes qui ne peuvent se rendre au Centre, les bénévoles vont dans les maisons de soins infirmiers pour y distribuer laine à tricoter et bonne humeur et les relier à la communauté dans son ensemble, le tout avec une infolettre et des appels téléphoniques périodiques pour s’assurer que tout va bien.

Madame Verena Menec, professeure de sciences de la santé communautaire au Collège de médecine de l’Université du Manitoba, étudie la relation entre les relations interpersonnelles et la santé depuis plus de dix ans. Selon elle, les efforts pour lutter contre l’isolement social et la solitude sont indispensables.

« Ce sont des risques pour la santé, aussi graves que le manque d’activité physique, l’obésité ou le tabagisme, explique madame Menec. Dans le cas de la solitude, bon nombre de recherches démontrent que certains mécanismes de base – comme l’affaiblissement du système immunitaire, de la qualité du sommeil et l’augmentation des hormones du stress – peuvent être directement liés à des problèmes de santé. »

Pour les personnes âgées qui participent à Friendship Blooms, cependant, les avantages du programme vont bien au-delà de la protection contre la maladie et les maladies chroniques. Friendship Blooms leur offre un bienfait fondamental et essentiel : des relations d’amitié. L’alternative – se sentir coupé du monde, isolé et démotivé – est un sentiment que Pat Lloyd ne connaît que trop bien.

« J’étais seule à la maison avec mon mari. Mes enfants ont quitté la maison et je ne sortais pas beaucoup, dit-elle. À un moment donné, je me levais le matin et je restais assise dans mon fauteuil à regarder la télé ou à tricoter, et je commençais à être très déprimée. »

Ce qui s’est passé ensuite a tout changé pour elle : « J’ai rencontré une dame qui faisait partie de Penguins North End (un groupe social pour les personnes âgées situé aux CSCK), et je suis allée à quelques réunions avec elle. Puis, l’une des Penguins a entendu dire que je savais tricoter et elle m’a invitée à rejoindre Friendship Blooms. Maintenant, nous avons six dames qui tricotent, et douze enfants à qui nous apprenons à tricoter dans notre groupe. Nous avons beaucoup de plaisir à faire danser les aiguilles! »

Si on réfléchit à l’isolement social en général, la bonne nouvelle, c’est que les recherches démontrent que la création, le maintien et le renouvellement de relations solides peuvent améliorer la longévité et la santé. Mieux encore, les CSCK ne sont que l’un des 107 centres de soins primaires gérés par la communauté dans la province où le personnel collabore jour après jour avec les membres de la communauté pour créer un milieu riche en possibilités de s’impliquer, de nouer des amitiés et de changer les choses. [hyperlien vers la fiche d’information ici]

« Se sentir intégré à la société, avoir un endroit où on éprouve un sentiment d’appartenance et des gens avec qui le partager – ces facteurs favorisent directement une meilleure santé », déclare Gary Machan, responsable stratégique de la santé et du bien-être de l’Association des centres de santé de l’Ontario. « Lorsqu’on met en relation les services de soins primaires vers lesquels les gens se tournent quand ils sont malades et les programmes de promotion de la santé qui, comme Friendship Blooms contribuent à les garder en bonne santé, le niveau de soins ainsi obtenu permet de traiter les problèmes de santé chroniques et les facteurs de risque bien avant qu’une personne doive se diriger vers l’hôpital ou les soins de longue durée. »