Les meurtres commis à Atlanta récemment font preuve de la violence et du risque de meurtre auxquels les femmes racialisées et les travailleuses migrantes du sexe font face partout, y compris au Canada, alors que des identités politiques et sociales établissent de nouvelles formes de haine et de discrimination raciale.
Le racisme et la violence envers les communautés et personnes d’origine asiatique, et envers les travailleurs du sexe ne datent pas d’hier. Le racisme envers les personnes d’origine asiatique est profondément ancré dans le passé colonial et les systèmes coloniaux, les politiques et les lois toujours en vigueur au Canada. De plus, la misogynie, la suprématie blanche, les antécédents de violence et la tolérance de cette violence envers les travailleurs du sexe sont profondément ancrés dans la stigmatisation, les politiques et lois qui continuent de marginaliser des individus, particulièrement des femmes qui font ce travail. Lorsque la haine, le racisme, la violence et la stigmatisation se croisent de cette façon, le risque de violence et de mortalité pour les personnes et les communautés est encore plus élevé. La haine et le racisme intersectionnels sont des enjeux de santé publique auxquels tous (tant les individus, les organisations que les gouvernements) doivent faire face et avec lesquels ils doivent composer. Seuls des changements dans les attitudes dans l’ensemble de la population, les curriculums et les politiques pourront engendrer des changements durables.
Pour amorcer des changements, il faut que les personnes s’informent et qu’elles « désapprennent et réapprennent » les moments cruciaux de l’histoire qui façonnent le présent. Parmi les sujets historiques et actuels sur lesquels il est possible de se renseigner, on compte l’histoire des politiques racistes et coloniales en Colombie-Britannique, la ségrégation et la discrimination raciale ailleurs au Canada, et l’état de la situation aujourd’hui, y compris les répercussions du racisme sur la santé mentale, et l’importance de reconnaître et de dénoncer les microagressions et le racisme envers les personnes d’origine asiatique. Il faut aussi se renseigner sur les expériences des personnes et des communautés asiatiques au Canada en lisant sur le sujet et en écoutant leurs propos (notez que ces liens sont en anglais). Ce sont tous des sujets de l’histoire du Canada associés au racisme envers les personnes d’origine asiatique et son lien au colonialisme que nous devons mieux connaître pour clarifier notre compréhension.
Nous nous associons à la déclaration publiée la semaine dernière(en anglais) par le Centre de santé communautaire Somerset Ouest à Ottawa, membre de l’Alliance, dans laquelle est énumérée une liste d’endroits où les gens peuvent rapporter des incidents haineux anti-asiatiques et des moyens d’intervenir à l’aide de formations pour les témoins. La déclaration propose aussi des renseignements importants pour les personnes qui se demandent comment elles peuvent aider.
Nous devons promouvoir des changements aux politiques et aux systèmes. Nous avons souligné dimanche dernier, le 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, adoptée par une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies en 1966. Aujourd’hui, 55 ans plus tard, nous sommes toujours confrontés aux conséquences du racisme : des vies détruites et perdues. Cette situation est due en partie aux gouvernements et aux décideurs politiques qui évitent de prendre des mesures pour engendrer des changements concrets. Si vous cherchez à vous joindre à un mouvement de plus grande envergure pour lutter contre le racisme anti-asiatique, le Conseil national des Canadiens chinois — pour la justice sociale offre des ressources et propose des campagnes à consulter. Vous pouvez aussi visiter le site Web covidracism.ca (appuyer sur FR) consacré à répertorier des incidents racistes et haineux anti-asiatiques liés à la pandémie de la COVID-19. Le site propose également des ressources (appuyer sur FR) concernant les travailleurs migrants, les travailleurs du sexe, les congés de maladie payés et des services de santé mentale dans la communauté. L’Alliance souhaite aussi disséminer la lettre ouverte publiée par le Butterfly (le réseau de soutien pour les travailleuses et travailleurs du sexe asiatiques et migrants) (en anglais) qui réclame des changements au droit pénal, visant à renforcer la législation afin de protéger les travailleurs du sexe ainsi que les droits de la personne et du travail des travailleurs migrants du sexe. Les organisations et les individus peuvent signer cette déclaration d’appels à l’action.
La stigmatisation et la déshumanisation causées par la violence et le racisme intersectionnels sont dangereuses et toxiques. Nous pouvons les observer sous plusieurs formes. En tant qu’organisation promouvant l’équité en santé, l’Alliance s’engage à appuyer les actions et les changements aux politiques nécessaires à tous les paliers gouvernementaux, et au sein des cultures organisationnelles, pour y mettre fin. C’est aussi la raison pour laquelle les plus de 100 fournisseurs de soins de santé communautaire que nous représentons se sont aussi engagés à prendre les mesures requises pour lutter contre l’intersectionnalité du racisme, de la misogynie et de la suprématie blanche. Cet engagement fait partie de notre Charte pour l’équité en santé récemment mise à jour et de nos résolutions de l’AGA de 2020 visant à réaffecter des fonds pour remédier aux torts liés aux services de police et à lutter contre la violence grâce à une approche de santé publique. Plusieurs membres de l’Alliance travaillent directement pour et avec des communautés et des personnes d’origine asiatique, ainsi qu’auprès de femmes et de personnes qui se livrent au travail du sexe. Leur travail dans les soins de santé est orienté par leurs efforts de revendication pour lutter contre le racisme envers les personnes d’origine asiatique. L’Alliance s’efforce de réclamer et d’appuyer des changements aux systèmes et aux politiques qui peuvent mener à des changements concrets et durables pour les individus et les communautés. Le racisme et la haine sont des enjeux de santé qui nous touchent tous. Ce n’est que par des actions collectives concertées et organisées que nous pourrons engendrer ces changements pour le bien de notre avenir collectif en Ontario et au Canada.