par Taheera Walji, Association des centres de santé de l'Ontario

Le centre de santé communautaire TAIBU, situé dans la localité de Malvern, a été créé en 2008 dans l’objectif de fournir des programmes et des services de soins primaires et de promotion de la santé à sa population prioritaire, la communauté noire dans la RGT.

TAIBU reconnaît la prévalence du racisme envers les Noirs et son incidence sur le mode d’accès et l’obtention des services de cette communauté. « Nous planifions et nous élaborons des programmes et des services en prêtant une attention particulière à la manière dont nous pouvons répondre aux besoins et aux obstacles rencontrés par cette communauté », explique Liben Gebremikael, directeur général du CSC TAIBU. 

C’est pourquoi TAIBU est fermement engagé à promouvoir un milieu dénué de discrimination, ce qui se manifeste dans ses valeurs organisationnelles qui appliquent l’équité, la compétence culturelle et l’utilisation d’un cadre anti-oppression pour guider son personnel et ses membres sur la façon de collaborer avec la communauté pour améliorer la santé et le bien-être.

TAIBU, dont le nom signifie en kiswahili « être en bonne santé », est solidaire des membres de la communauté, estimant que le succès d’une communauté réside dans ses forces et ses atouts inhérents. Avec une large gamme de programmes de promotion de la santé clinique et de programmes de prévention adaptés à la culture, comme le Programme de gestion de l’hypertension, la clinique de santé sexuelle, le Programme d’éducation sur le diabète, le programme parascolaire L.E.A.R.N. et le programme UBUNTU qui s’adresse aux aînés, TAIBU cherche à promouvoir « des communautés saines, dynamiques et viables, qui créent leurs propres solutions ».

Programme de dépistage du cancer de TAIBU

Au cours de la dernière année, TAIBU a fait des progrès considérables dans l’augmentation des taux de dépistage préventif du cancer en appliquant des cadres de santé publique, et en les intégrant aux valeurs afrocentriques de TAIBU, qui sont fondés sur le principe de l’équité et axés sur le « collectif ».

Après avoir déterminé en décembre 2012 que les taux de dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus, de la prostate et du côlon parmi les clients de TAIBU nécessitaient une amélioration, le personnel du centre a formé un groupe de travail sur la prévention et le dépistage du cancer, dirigé par la Dre Onye Nnorom (MD). Le groupe de travail se compose de deux médecins, d’un auxiliaire médical, d’une infirmière et d’une infirmière praticienne.

Les objectifs du Programme de dépistage du cancer sont les suivants :

  • obtenir des données précises sur le taux de dépistage dans la communauté de TAIBU et cibler les clients sous-testés
  • réduire les obstacles au dépistage préventif
  • éduquer et responsabiliser la communauté pour promouvoir la mobilisation envers le dépistage préventif

Phase I Le Programme de dépistage du cancer en deux phases a franchi l’étape de la phase I, soit la mobilisation interne avec le personnel à l’aide d’un cadre de santé publique PRÉA (Planifier, Réaliser, Étudieret Agir), un processus itératif, en se concentrant sur l’amélioration de la qualité afin d’augmenter les taux de dépistage du cancer.

Afin de planifier l’initiative, le groupe de travail a recensé la documentation pour évaluer la vulnérabilité de la population noire au risque de cancer et déceler les obstacles au dépistage préventif et les solutions au sein des communautés noires et autres groupes racialisés.

Liben Gebremikael commente l’importance d’utiliser une approche à haut risque quand on travaille auprès de populations précises, en soulignant que « même si les programmes et les politiques axés sur la population en général sont utiles, il y a des moments où des stratégies ciblant des populations précises sont essentielles et indispensables à la résolution de certains obstacles à la santé ».

L’analyse de la documentation a permis de dégager des conclusions significatives à partir des données états-uniennes sur les taux de décès du cancer ajustés en fonction de l’âge, qui démontrent que les Afro-Américains étaient plus susceptibles que les personnes de toute autre origine raciale de mourir de cancer de toutes sortes1. Cette analyse a fourni des éléments probants de l’existence d’importantes disparités en santé entre la communauté noire et d’autres groupes raciaux, qui peuvent être à l’origine du fait qu’elle soit sous-testée et coure un risque accru de décès du cancer.

L’analyse a révélé que les obstacles au dépistage préventif sont l’éducation sanitaire, les croyances, le sexe du professionnel de la santé ou du technicien et les contraintes de temps du professionnel. Parmi les pratiques prometteuses décelées, citons les séances de sensibilisation adaptées à la culture, les vidéos, l’organisation du  transport, les rappels des professionnels de la santé et les audits.

La prochaine étape du cycle, Réaliser, consistait en un audit du dépistage du cancer afin de revoir le nombre de clients de TAIBU en retard pour le dépistage. Au cours de cet audit, le groupe de travail a examiné les pratiques de collecte de données des DME actuellement utilisées par le personnel de première ligne afin de déterminer si les indicateurs utilisés par le TAIBU étaient valides. Une autre étape de l’audit consistait à corriger le DME des clients afin de rectifier les erreurs.

Le groupe de travail s’est concentré sur la formation adéquate des professionnels de la santé à l’aide d’une trousse de révision des lignes directrices qui s’adressent à eux, avec des consignes sur la saisie des données de dépistage du cancer dans les DME. Le groupe de travail s’est concentré sur la participation et l’éducation des professionnels de la santé de TAIBU sur leur rôle dans l’augmentation des taux de dépistage.

Enfin, la phase 1 s’attaquait aux obstacles à la clientèle en identifiant le site le plus proche du programme de dépistage du cancer du sein en Ontario, avec des techniciennes afin d’éliminer l’obstacle du sexe du professionnel/technicien à l’accès au dépistage préventif. TAIBU a également administré un programme pilote de rappel basé sur un audit par les professionnels des patients en retard pour le dépistage.

En tenant compte des obstacles mentionnés ci-dessus, TAIBU a réussi à augmenter considérablement la quantité de tests de RSOS et de mammographie offerts aux clients. 

Prochaines étapes : Lancement de la phase 2

La phase 2 du programme qui commencera à l’hiver 2014-2015 se penchera sur l’engagement communautaire afin d’accroître les taux de dépistage du cancer. En mettant l’accent sur la sensibilisation de la communauté à travers des séances de transfert et d’échange des connaissances, TAIBU espère améliorer l’éducation et la mobilisation sous la forme d’une assemblée communautaire. Il s’agit de faciliter un échange réciproque d’information, afin que le personnel soit mieux en mesure de comprendre les obstacles communautaires au dépistage et de fournir des solutions à ces obstacles. TAIBU espère également mobiliser les membres de sa communauté par différents moyens (dépliants, radio ethnique et journaux ethniques).

Avec des idées novatrices et prometteuses pour l’avenir, la Dre Onye Nnorom, médecin de famille et responsable de la prévention des maladies chroniques, déclare qu’ils « espèrent davantage d’occasions de collaboration avec la santé publique » et une décision d’engager les membres de la communauté dans le programme : « Nous voulons miser sur nos champions – les  gens dans la communauté qui ont survécu au cancer, pour mettre un visage sur la maladie ».