Ce mois-ci, nous célébrons le Mois de l’histoire autochtone et la Journée des peuples autochtones le 21 juin. C’est l’occasion de mieux comprendre et de reconnaître les riches et diverses histoires, les cultures, les savoirs et les contextes artistiques des peuples autochtones dans l’ensemble de l’Île de la Tortue.
Pendant le mois, l’Alliance pour des communautés en santé et ses membres réfléchiront à la santé et au bien-être autochtones, évalueront leur progression vers la réconciliation et la prestation de soins respectueux et pertinents sur le plan culturel, et aborderont ensemble les enjeux jugés urgents, dont l’objectif principal de promouvoir la santé des Autochtones entre les mains des Autochtones.
L’Alliance collabore étroitement avec le Conseil autochtone des soins de santé primaires (IPHCC) et ses membres. Ensemble, nous revendiquons pour la santé des Autochtones entre les mains des Autochtones dans les systèmes de santé et de services sociaux, notamment par des innovations révolutionnaires qui intègrent des approches, respectueuses sur le plan culturel, des guérisseurs et des Aînés autochtones aux meilleures méthodes médicales occidentales informées par des données. Nous croyons qu’une approche dirigée par les Autochtones est essentielle pour améliorer les résultats de santé dans le système de santé pour les peuples et communautés autochtones. Nous préconisons fermement la mise sur pied d’un carrefour provincial de soins de santé intégrés pour les Autochtones avec le soutien de l’IPHCC. Nous croyons que ce cadre favoriserait une démarche de réforme de la santé respectant l’autonomie, l’autogouvernance et la prise de décision autochtones.
Nous continuons à revendiquer pour l’accès à l’eau potable dans chaque communauté. Nous collaborerons avec les responsables de la santé et les communautés autochtones pour assurer la santé des générations actuelles et futures.
Nous réfléchissons à ce que l’on entend par les actions en accord avec les propos d’Autumn Peltier, activiste et gardienne de l’eau, qui a rappelé aux délégués du congrès de l’Alliance plus tôt ce mois-ci que la « restitution des terres » est un message central qui comprend plus que les terres; c’est aussi les cultures, les langues, les moyens de subsistance, et les modes de savoir et d’être. Les concepts de « restitution des terres » peuvent vraiment commencer à prendre forme et à devenir réels pour les personnes dans ces communautés dans les programmes des organisations ou des équipes autochtones de soins de santé primaires, ou dans les structures de gouvernance et de redevabilité de ces équipes. Le changement climatique a des incidences disproportionnées sur les peuples autochtones, qui risquent de s’aggraver si aucune action n’est entreprise. Les terres, l’eau, l’air et les sols ne sont pas protégés et ne sont vus que comme des ressources à exploiter pour le « développement » selon des modes et des savoirs coloniaux. Nous devons trouver des moyens d’atténuer les impacts sur les peuples autochtones déjà marginalisés par le traumatisme intergénérationnel et les effets du colonialisme.
Nous écoutons des commentateurs comme la professeure Kate MacDonald, qui écrit : « Alors que les gens se rassemblent pour célébrer, il est essentiel que cette célébration soit liée à la reconnaissance de la violence coloniale qui perdure et à des engagements à la solidarité. » Qu’est-ce que l’on entend par engagement envers la solidarité? Premièrement, c’est reconnaître et comprendre les origines du traumatisme créé par la violence coloniale et suprématiste blanche, y compris l’histoire des pensionnats, la rafle des années soixante, et les politiques gouvernementales d’assimilation des personnes et des communautés qui ont détruit des familles et des cultures. Il faut aussi comprendre que l’histoire du colonialisme et des politiques coloniales est directement liée aux politiques actuelles qui criminalisent la pauvreté, la dissidence, l’itinérance, les problèmes de santé mentale, les dépendances et le désespoir chez les jeunes. Ces politiques, dont plusieurs sont encore maintenues par divers paliers gouvernementaux, perpétuent l’oppression de la violence coloniale sur les peuples et communautés autochtones.
Nous avons la possibilité d’agir maintenant. Alors que ce mois-ci nous célébrons l’histoire autochtone et tournons notre regard vers l’avenir, nous devons jeter des ponts pour mieux comprendre les cultures et les communautés que les forces coloniales ont cherché à détruire. Nous devons aussi chercher ce qui constitue les « semences » de la communauté. Nous devons planter les semences pour apprendre des arbres profondément enracinés dans les savoirs et pratiques autochtones, apprendre des expériences des communautés qui ont guéri leurs peuples pendant des millénaires, et trouver de nouvelles semences de communauté entre les peuples et les organisations autochtones et non autochtones pour guérir l’espace entre nos nations, nos relations.
Que ce soit par de petits rassemblements et de portes ouvertes à travers le pays, l’apprentissage de la culture, des pratiques et de l’histoire par nous-mêmes, ou la recherche de moyens pour nos organisations de mieux travailler ensemble, la réconciliation se réalise par des actions simples et sans fanfare que nous faisons chaque jour, tout au long de l’année. Le changement survient également lorsque de telles actions se réunissent en voix plus fortes.
Ce mois est consacré au calme et au bruit, au présent et à l’avenir. C’est un mois pour trouver plus de belles semences et les planter ensemble, pour nous-mêmes, nos enfants et l’avenir de la terre que nous partageons.
Nous souhaitons à tous une très heureuse Journée des peuples autochtones et un Mois de l’histoire autochtone empreint de réflexion et axé sur l’action.