Le 5 novembre 2020, le gouvernement provincial a publié son budget annuel, qui s’inscrit dans son Plan d’action pour la protection, le soutien et la relance dans le cadre de la COVID-19 et qui contient des prévisions pluriannuelles. En tout, les investissements sont de l’ordre de 45 milliards de dollars, dont plusieurs avaient été annoncés antérieurement.   

Bien que ce budget ait pour principal objectif de répondre aux impacts immédiats de la pandémie de la COVID-19 par l’augmentation de la capacité des soins actifs et des soins de longue durée et du soutien aux entreprises, l’Alliance est préoccupée par le manque de clarté en ce qui concerne des mesures particulières pour les personnes et les communautés marginalisées. Les aînés isolés, les personnes à risque en raison de la crise des surdoses, les populations noires, les communautés autochtones, les personnes à faible revenu, et d’autres personnes qui ont été touchées de façon disproportionnée par la pandémie sont pour ainsi dire invisibles dans ce budget.

Nous sommes aussi préoccupés par le fait que bien que les soins de santé primaires en équipes aient joué un rôle de premier plan dans les réponses locales contre la COVID-19, par la collaboration avec des partenaires et des bureaux de santé publique pour appuyer le dépistage, le travail de proximité et d’autres mesures relatives à la COVID-19, il y a peu de mentions spécifiques ou de ressources affectées à ces efforts dans le budget. Dans l’ensemble, les objectifs du budget sont les bons, soit de soutenir et de protéger les individus pendant la pandémie et de faire en sorte qu’ils ont ce dont ils ont besoin pour se remettre sur pied lors du rétablissement. Cependant, afin d’assurer un rétablissement dynamique qui fonctionne pour tous, il faut en faire encore bien plus, particulièrement pour les personnes marginalisées plus susceptibles d’avoir de mauvais résultats en santé maintenant et lors du rétablissement.    

Soins primaires

Les organisations de soins primaires, dont les membres de l’Alliance, ont joué, et jouent toujours, des rôles essentiels dans la vie des gens, ayant depuis des années établi des relations de confiance entre les fournisseurs et les communautés. La confiance est essentielle, surtout chez les communautés marginalisées, pour assurer des mesures équitables relatives à la COVID-19, et le sera d’autant plus au moment de distribuer les vaccins. Même si le gouvernement prend des mesures dans le budget pour couvrir certains des coûts liés à la pandémie, peu de détails sont offerts sur l’aide directe que recevront les fournisseurs de soins primaires pour leurs activités et la gestion des coûts additionnels associés à la pandémie. Des investissements provinciaux sont toujours requis pour des initiatives communautaires de travail de proximité, de dépistage, de vaccination contre la grippe, de services sociaux, et de visites pour assurer le bien-être, ainsi que pour des services de soins de santé et de promotion de la santé de base. La prestation par les membres de l’Alliance de soins de santé primaires complets est essentielle pour garder les personnes en santé et en sécurité pendant la pandémie, surtout si l’on considère les difficultés additionnelles auxquelles les gens font toujours face, et leur travail sera essentiel à des rétablissements communautaires dynamiques et durables.

Comme en fait état un article paru cette semaine dans la publication Healthy Debate, le plan de l’Ontario pour contrôler la deuxième vague doit inclure la participation des soins primaires. L’Alliance poursuit ses efforts de sensibilisation et de revendication avec ses membres et ses partenaires du secteur pour que le travail essentiel des soins de santé primaires complets soit reconnu et qu’il reçoive des ressources et du financement adéquats de ce gouvernement. 

Crise des opioïdes et des surdoses

Nous sommes très préoccupés par l’absence de mention de la crise des intoxications aux opioïdes et des surdoses, d’un approvisionnement plus sécuritaire, de la réduction des méfaits et de mesures connexes pour soutenir les communautés. Sans reconnaissance ou financement, ce budget ne prévoit aucun plan d’action concernant cette crise qui s’aggrave et son impact sur les personnes et les communautés de la province. Les personnes meurent toujours, le taux de mortalité de surdoses en Ontario étant à son niveau le plus élevé depuis l’aggravation de la crise il y a quelques années. Les fournisseurs de soins de santé mentale et de réduction des méfaits ont besoin d’investissements pour lutter contre cette crise qui continue de s’aggraver. Dans le cadre de ses efforts de revendication, ce travail demeurera prioritaire pour l’Alliance dans toutes ses discussions avec le ministère de la Santé.

La santé des Noirs et le racisme envers les Noirs

Lors de son adresse à l’Assemblée législative le 5 novembre, le ministre des Finances de l’Ontario, Rod Phillips, a reconnu qu’il avait réfléchi aux conversations importantes qui ont lieu dans les communautés sur le racisme envers les Noirs. Il a aussi déclaré que l’Ontario est un endroit où toutes les personnes ont droit au respect et aux possibilités d’atteindre tout leur potentiel. Il a ajouté qu’il est inacceptable que le racisme systémique et d’autres formes de haine demeurent des obstacles, et que dans bien des cas, la COVID-19 a exacerbé des inégalités existantes. Il a conclu en disant que des efforts importants étaient déjà entrepris concernant ces enjeux.

Cependant, à l’exception du financement accru pour le Plan d’action pour les jeunes noirs, une nouvelle bien accueillie, aucun autre investissement n’a été annoncé pour des stratégies ou des programmes pour favoriser la santé des Noirs ou pour lutter contre le racisme envers les Noirs. Comme l’Alliance l’avait expliqué dans sa soumission prébudgétaire au gouvernement, la création et le financement d’une stratégie provinciale de promotion de la santé des Noirs sont essentiels pour engendrer des changements et pour lutter contre le racisme envers les Noirs dans les soins de santé et d’autres secteurs.

Conclusion

Nous entendons les gens parler de plus en plus du déficit imminent qui sera causé par la pandémie. Cette notion d’un manque de ressources va bien au-delà d’un déficit financier. Lorsque les communautés doivent faire des compressions et offrir plus de services sans un financement accru, ce sont généralement les personnes et les communautés marginalisées qui ne reçoivent pas de services et qui en subissent les conséquences sur leur santé. Dans ce budget, l’absence de solutions communautaires et le manque d’importance accordée aux soins primaires et aux équipes interprofessionnelles risquent d’entraîner l’Ontario dans un « déficit communautaire » causé par la COVID-19. De plus, le budget n’adopte aucune mesure substantielle concernant les priorités pour l’équité en santé, comme la lutte contre le racisme et les questions liées aux déterminants sociaux de la santé, dont la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’emploi juste et stable, le logement abordable et des écoles plus sécuritaires. L’Alliance demeure préoccupée par le fait que l’absence de gestes concrets et de leadership du gouvernement provincial concernant l’équité en santé engendrera des déficits communautaires à l’avenir qui seront ressentis davantage par les personnes pouvant le moins porter le fardeau de cette pandémie. Nous poursuivrons nos efforts avec nos partenaires pour demander des mesures et des ressources visant à promouvoir l’équité en santé.