L'annonce faite aujourd'hui par le gouvernement de l'Ontario de fermer 10 sites de Services de Consommation et de Traitement (CTS), dont sept sont intégrés dans des Centres de Santé Communautaire à travers l'Ontario, est extrêmement décevante. Cette décision entraînera la disparition de services et de programmes vitaux à un moment où ils sont le plus nécessaires. Elle signifie également que de nombreuses personnes perdront la vie dans les mois et années à venir, en raison d'empoisonnements mortels et évitables. Des mères, des fils, des filles, des pères, des oncles, des cousins, des amis, des collègues disparaîtront à jamais de la vie de leurs proches à cause de ce changement de politique soudain. Cependant, cette décision ne mettra pas fin à la crise des empoisonnements aux drogues en Ontario, ni aux crises de santé mentale qui touchent les jeunes, les seniors et d'autres groupes démographiques.
En termes simples, la suppression de services et programmes de réduction des méfaits, qui ont fait leurs preuves et qui sont accessibles à tous, entraînera davantage de décès, une augmentation de la consommation publique de drogues, et des charges plus lourdes et plus complexes pour les services d'urgence, pour notre personnel médical d'urgence, pour la police et autres forces de l'ordre, pour les hôpitaux, et pour les quartiers – tous déjà soumis à une pression plus forte qu'ils ne peuvent supporter de manière durable ou saine.
Si les organisations de santé communautaire ne peuvent pas rencontrer les personnes en difficulté là où elles se trouvent, elles n'auront pas la capacité d'offrir de l'aide – cette décision rend inaccessibles les solutions dont les gens ont besoin. Nous devons augmenter, et non diminuer, l'accès aux services. Sans plus d'aide, nous verrons les communautés se dégrader davantage, avec les maladies mentales d'aujourd'hui et les traumatismes non traités devenant les comportements désespérés et les urgences de demain.
Renforcer la criminalisation renforce la stigmatisation, la discrimination et les inégalités en matière de santé. Supprimer les programmes d'échange de seringues propres, considérés comme une référence mondiale pour la prévention de la propagation de maladies graves (et coûteuses), augmentera leur propagation, aggravera la santé publique et érodera la confiance fragile dans les prestataires de santé communautaire, tout en coûtant plus cher aux contribuables de l'Ontario, sans résultats positifs.
La réduction des méfaits fait partie intégrante du continuum de soins visant à maintenir la sécurité des communautés. Accuser ces approches de soins fondées sur des preuves pour la crise actuelle est totalement injustifié et risque de nuire aux communautés qui ont désespérément besoin de soutien, maintenant et à l'avenir.
Les taux croissants de l'itinérance et de personnes en situation de logement précaire, l'approvisionnement en drogues toxiques, et une épidémie de santé mentale, d'addictions et de traumatismes non traités déchirent le tissu de la vie communautaire à travers l'Ontario. Nous convenons fermement avec le gouvernement de l'Ontario que davantage doit être fait. Cependant, la voie à suivre n'est pas un retour à la stigmatisation, à la criminalisation des maladies et des addictions, ni au retrait des soutiens vitaux qui aident à sauver des vies.
Nous appelons le gouvernement de l'Ontario à reconsidérer immédiatement cette décision, et le Ministère de la Santé à collaborer avec les organisations de sites CTS, les chercheurs cliniciens, les communautés et les prestataires de santé communautaire, ainsi que les partenaires en santé mentale et en addictions, pour créer les nouveaux Carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (HART), qui incluent l'intégralité du continuum des soins en matière d'addiction, y compris les services de réduction des méfaits. Comme nos partenaires, nous croyons qu'il y a une opportunité de construire quelque chose de mieux, qui offre le spectre complet des services dont les gens ont besoin, de la réduction des méfaits à la gestion du sevrage, en passant par le traitement et le conseil.
Nous sommes prêts à contribuer à la résolution de cette crise avec les ressources nécessaires – tant par un financement adéquat pour répondre à la situation, que par l’utilisation d’outils cliniques éprouvés, dont l'efficacité pour sauver des vies a été démontrée au fil des années.